Copy Paste

La plupart des entrepreneurs dignes de ce nom vous diront que pour réussir sa startup, il faut commencer par avoir une idée originale qui sera adoptée par un nombre suffisant de personnes pour, dans l’absolu, en permettre sa monétisation.

Malheureusement, tout le monde ne pense pas comme ça…

Vous connaissez peut-être Karl Jo Seilern-Aspang, un entrepreneur allemand qui s’est depuis plusieurs années specialisé dans le plagiat de startups à succès de la Silicon Valley. Sa dernière production en date se nomme Pinspire, une copie conforme de Pinterest. Karl Jo peut compter sur une armada de développeurs pour copier n’importe quel site Web, aussi complexe soit-il, en à peine quelques semaines. Le but de la manoeuvre est d’agir localement, là où la startup copiée n’est pas encore implantée, dans le but de se faire racheter par celle-ci dès qu’elle aura l’intention de s’établir dans les territoires déjà conquis par notre ami allemand.

Et ça marche ! Plinga a été rachetée par Zynga et MyCityDeal par Groupon ! Je suis très curieux de voir ce qu’il va advenir de Pinspire…

Karl Jo et son équipe

Avec toute son équipe, vous copier, il s’y engage !

Certains diront que c’est malin, d’autres que c’est lamentable. C’est un business model comme un autre mais personnellement, je devrais faire un choix entre ça et pouvoir encore me regarder dans le miroir le matin…

Dans un tout autre contexte, pas plus tard qu’hier, j’ai découvert un service d’achat de rasoirs avec un système de livraison mensuelle. Les belges auront reconnu Razwar mais je parle en réalité de Dollar Shave Club. Lancé plus de 3 ans après Razwar, DSC est en passe de devenir une véritable success story, bien aidée par une vidéo de lancement relativement drôle, reprise par de très très gros sites dont Mashable.

C’est rigolo mais c’est salaud !

Je n’y avais pas prêté beaucoup attention jusqu’ici mais je me rends compte (et j’espère me tromper) qu’un nouveau business model pourrait naître : l’entrepreneur américain (californien de préférence) qui copie la super idée d’un européen pour la lancer dans un marché plus propice à son explosion. Tout ça est un peu terrifiant et j’espère vraiment que certains ne vont pas y voir un nouveau créneau porteur. Pour éviter ça, je recommanderais vraiment à l’entrepreneur européen de ne pas rester coincé dans notre vieux continent et d’agir assez vite pour avoir une portée internationale. Voir un copieur couronné de succès là où votre idée originale vivote péniblement doit être un sentiment très amer.

Tout ça nous prouve aussi qu’avoir une bonne idée ne suffit pas. Il faut avoir cette bonne idée au bon moment et au bon endroit.

Ça rejoint ce que je disais dans un précédent article où je dressais l’état du Web belge.

Qu’en pensez-vous ? Vous avez d’autres exemples de copiés/copieurs ?

(Je terminais d’écrire ce billet quand j’ai découvert cet article de Robin Wauters sur The Next Web. Merci à lui d’avoir essayé de remettre les pendules à l’heure !)

7 Comments

  1. Et voilà comment notre vieille Europe perd toute son innovation. Entre des entrepreneurs qui pensent trop petit et des investisseurs qui ont oublié leurs bijoux de famille au vestiaire, le reste déménage aux US et crée de la richesse là-bas. Et un argument de plus pour le startup visa, un! Mais comme j’ai hâte de venir répandre la bonne nouvelle de PeerTrust là-bas moi!

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  2. PaKaL's avatar PaKaL says:

    Comme déjà dit le problème est que le belge ne voit pas plus loin que le bout de son nez et c est pas avec des vidéo pathétiques faite par sOmebaudy que razwar pOuvait espérer avoir un impact internationnal.

    Rien n empêche une idée belge de devenir internationale ce n est qu une question d ambition…

    Qu on arrête de le faire rire avec le manque d investisseur aujourd hui les technologie du web sont démocratiques et un bon buzz coûte rien quand à 10000 amis sur les réseaux sociaux du moment qu ils ont un autre humour que somedaudy et qu ils parlent d autres langues…

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  3. PaKaL's avatar PaKaL says:

    Maintenant c est que de l argent y en faut pour partir en procès…

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  4. Bartdude's avatar Bartdude says:

    A partir du moment où le concept n’est pas déposé (et à vrai dire je ne sais pas jusqu’à quel point c’est déposable), je ne vois pas où est le souci. J’irais même plus loin en disant qu’on ne devrait pas souhaiter qu’un concept soit déposable, sous peine de voir un tas de multinationales déposer des concepts qu’elle déveloperont (ou pas) dans le futur avec plus ou moins de succès, et couper l’herbe sous le pied de petits entrepreneurs qui auraient peut-être fait mieux.

    De plus je ne vois pas pourquoi tu ramènes ca au manque d’ambition européen ou belge, dans la mesure où ton example de départ parle justement d’un européen qui plagie des concepts de la si bouillonante Silicon Valley.

    Et soit dit en passant, je ne pense pas que ce business model soit nouveau ni propre à Internet : de tout temps il y a eu des petits malins qui bypassaient le R&D en “copiant” les idées des autres et investissaient cet argent économisé dans du marketing. La question morale n’en n’est pas moins discutable, mais rares sont les grosses entreprises irréprochables sur le plan de l’éthique… A vrai dire je n’en vois aucune, mais je suis loin d’être un expert sur le sujet.

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  5. JYP's avatar JYP says:

    Je ne vais pas trop me mouiller dans le Droit, auquel je ne connais que peu de choses, mais après quelques recherches Google, vous pouvez trouver des extraits de code de loi qui mentionnent l’idée suivante :

    “Les idées sont de libre parcours”.

    Le droit d’auteur ne protègerait donc pas des idées en elles-mêmes mais seulement leur mise en forme(ex: le développement d’un site).

    A partir de là, un concept d’application est-il déposable?

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  6. Timbob's avatar Timbob says:

    Le business model de la copie ne date pas du web. Les Chinois (pour citer l’exemple le plus évident) l’appliquent depuis bien longtemps sur bien d’autres industries. On peut aussi penser aux pâtes à tartiner chocolat/noisette, aux boissons gazeuses, … ils ont tous un créateur et des milliers d’ersatz.

    Pour en revenir sur le cas RazWar, Vinch tu dis que “il faut avoir cette bonne idée au bon moment et au bon endroit.”. Oui, une bonne idée est dépendante du contexte, mais il faut également savoir la vendre ! Tu peux avoir le meilleur produit au monde, si tu ne sais pas comment t’y prendre pour la marketer, il n’y a aucune chance que ça fonctionne.

    Personnellement, je n’avais jamais entendu parler de RazWar durant leurs 3 ans d’existence, alors que j’ai déjà reçu plusieurs fois le lien vers la vidéo de “$ Shave Club” ! Il est certainement là le problème. RazWar n’a pas su exploiter correctement son idée … A qui doit on le reprocher ? Le concurrent ne fait que prendre une place qui était restée vacante pendant plus de 3 ans ! Ils se sont peut être juste dit “Wow, le concept est génial, mais sous-exploité. Faisons la même chose en mieux !”

    Mettons nous du coté du consommateur, qui découvre le produit grâce à une vidéo un peu fun. Doit-on lui reprocher d’aller chez le copieur ? Dans son esprit, si un jour il découvre les autres acteurs, c’est RazWar qui sera le copieur, pas “$ Shave Club”. Le client se fout de savoir qui a eu l’idée le premier. Le client se souvient juste du premier qui lui a mis le concept dans la tête ! RazWar a foiré son marketing, je serais eux je remettrais beaucoup de choses en questions en interne …

    Sans vouloir donner de leçons, avoir des idées c’est bien, mais il faut également bien les exploiter et c’est là toute la difficulté de l’entrepreneur … C’est une chose d’être amer de voir des gens voler son travail, mais se poser la question de pourquoi on a foiré, la où les autres ont réussi ça ne peut que faire avancer …

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  7. Twendé's avatar Twendé says:

    CQFD ! Merci à toi Vinch, je rejoins ton avis à 100% …
    C’est pathétique ce qu’il se passe, et qui passe encore pour des innovateurs ? Les ‘ricains !

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